L'ABANDON
Les villages abandonnés en France ne sont pas rares. Certains l'ont été à cause de l'exode rural ; d'autres suite à leur destruction durant la première et la seconde guerre mondiale, notamment le village d'Oradour-sur-Glane et 7 villages de la Meuse ; d'autres encore pour cause de construction de barrage.
Chaudun n'est donc pas un cas unique, loin s'en faut. Cependant son abandon présente une particularité peu commune : il fut vendu à l'État par les habitants après de multiples négociations pour la somme de 186.000 francs-or en 1895, le 24 août exactement. C'était une première pour la République.
Ce qui a poussé les habitants à vendre leur village, c'est la misère qui s'installe petit à petit tout au long du XIXème siècle. Le village est situé dans une vallée entourée de hautes montagnes, et dont l'accès n'est possible que par les cols, difficilement accessibles dès les premières neiges. Il en résultait un isolement qui durait 8 mois bien souvent. De plus, les terres s'étaient, appauvries suite à l'érosion et au surpâturage. De fait les quelques terres cultivables se trouvaient bien haut.
Le départ a été programmé pour le 1er avril, et les habitants ont quitté leur village avec beaucoup de regrets, abandonnant tout et en laissant leur porte ouverte comme le prévoyait le contrat de vente. En effet, les Eaux et Forêts se sont empressées de récupérer les bâtiments pour loger leurs ouvriers qui vont reboiser la vallée en 17 ans, de 1896 à 1913, y plantant quelques 4 millions d'arbres. Les habitants sont partis vivre aux États-Unis ou en Amérique du Sud, ou à Gap ou Saint-Bonnet-en-Champsaur.
CHAUDUN AUJOURD'HUI
Le village et ses alentours présentent un nouveau visage avec ces arbres qui ont été plantés, voici plus d'un siècle. Il ne subsiste plus que quelques petites traces du village. Il est devenu un lieu de randonnée et de promenade. Il est géré par l'ONF qui y a reconstruit deux maisons : une maison forestière et un gîte d'étape. Des panneaux explicatifs ont été posés à l'entrée du village.
À partir du col de Gleize, empruntez la route forestière, (pour les piétons et interdite aux automobiles). Un « sentier de ronde » s'embranche sur la route forestière avant le col de Chabotonnes, faisant le tour de la vallée à mi-hauteur et rejoint le sentier de grande randonnée GR93 sous le col de Chétive.