D'abord appelée Abbaye d'Elnon, elle est installée à Saint-Amand-les-Eaux, (Nord). C'était une abbaye bénédictine qui fut active de 639 à 1790. Centre culturel important dès le IXème siècle, elle était dotée d'une bibliothèque , d'un scriptorium de production de manuscrits et d'écolâtres célèbres, (Milon mort en 872 et Hucbald décédé en 930).
Cette abbaye, parmi les plus anciennes de France, fut incendiée et réduite en cendres, à tel point que son histoire est découpée selon les grandes périodes entre chaque incendie.
SON HISTOIRE
C'est sur un grand terrain au confluent de la Scarpe et de l'Elnon que le moine Amand de Maastricht fonde l'abbaye en 633-639 sous l'égide de Dagobert 1er. Il y mourra vers 679. Elle prend le nom d'Abbaye d'Elnon qu'elle conservera longtemps avant de prendre celui d'Abbaye de Saint-Amand, honorant ainsi la mémoire de son fondateur.
En plus d'un travail important de défrichements et d'aménagements, l'abbaye devient un un foyer d'études majeur durant la renaissance carolingienne. Les Normands anéantissent l'abbaye à la fin du IXème siècle. Elle sera encore incendiée en 1066, 1340, 1424 et 1477.
Elle sera entièrement rebâtie au XVIIème siècle par l'abbé Nicolas II du Bois, dans des dimensions et un plan qui forcent l'admiration des visiteurs de l'époque.
Ci-dessous 2 vues de l'abbaye, l'une en 1602, avant la transformation par Nicolas II Du Bois, l'autre après 1693.
L'abbaye sera déclarée bien national lors de la révolution et démantelée entre 1797 et 1820.
Aujourd'hui, il reste donc l'entrée de l'abbaye dite « Échevinage » car les échevins et le maire y tenaient leur réunion et la tour de l'église dite Tour abbatiale qui abrite le musée municipal. Ces vestiges ont survécu au démantèlement grâce à Pierre-Mathieu Dumoulin, (1765-1847maire de Saint-Amand en 1790 et avocat au parlement de Flandre, entre autres).
L'ABBAYE REBÂTIE PAR L'ABBÉ DU BOIS
L'église et le monastère ont été reconstruits dans le style baroque flamand de 1626 à 1672. Ci-dessous le plan de l'abbaye :
Le Monastère
Rectangle de 183m de long sur 169m de large, il était flanqué de 4 tours dont l'imposante tour de l'église abbatiale parvenue jusqu'à nous et trois autres de dimensions moins imposantes,(Tour Sainte Aldegonde, tour du Pigeonnier, et le tour des Agaches).
La face sud était presque entièrement occupée par l'église et les trois autres comprenaient les corps de bâtiments réservés aux services, l'entrée se faisant par un double pavillon situé sur la face ouest. Au centre du rectangle, un autre renfermait les bâtiments claustraux. Le monastère avait des douves sur ses faces ouest et nord, lesquelles étaient alimentées par La Scarpe.
Les Pavillons d'Entrée
L'ensemble qui fut terminé en 1632, servait et d'entrée de l'abbaye et d'hôtel de ville . Il comporte un portail, autrefois pont-levis. Il est flanqué de colonnes et terminé par un fronton incurvé. Un clocher carré à deux étages le surmonte. Les pavillons octogonaux à un étage et coiffé d'un dôme à pans lui sont reliés de part et d'autre par un petit bâtiment.
Les échevins et le prévôt y tenaient des réunions, (d'où le nom d'échevinage qu'on donne à cet ensemble), et la justice y était rendue, les prisonniers y étaient enfermés. La salle appelée de haute justice est devenue dans les années 1960 un salon de réception, le salon Watteau.
L'Église Abbatiale
Au XVIIe siecle, les églises nouvellement construites étaient de dimensions modestes, en général de 60 à 70 m de long pour25 à 30 m de large. Il en n'était pas de même pour les églises reconstruites qui atteignaient des dimensions imposantes car elles devaient rivaliser avec celles des prédécesseurs. Ce fut le cas pour l'église abbatiale de Saint-Amand, construite entre 1648 et 1675. L'église en plan en croix à double transept, atteignait 140 m de long hors œuvre et 78m de large hors œuvre au transept, ce qui lui donnait une longueur supérieur à la cathédrale de Strasbourg dont la longueur atteint 105m.
L'abbatiale était composée d'une nef bordée de collatéraux, d'un long transept qui la coupait en son milieu, par un faux transept bas et court. Un chevet droit auquel s'adossaient trois chapelles dont la plus importante était précédée d'un clocher carré, fermait l'abbatiale. Une tour clocher octogonale couverte d'un dôme et de deux lanternes superposées, s'asseyant sur un porche accolé de deux tourtelles d'escalier, se trouvait en tête de la nef. La croix centrale était surmontée d'une tour lanterne octogonale.
Une immense salle partagée par quatre files de huit piliers occupait le rez-de-chaussée de la nef au nord du transept. Il s'agissait de la crypte, église complète mais vouée à un rôle purement funéraire à cause de l'humidité.
Au-dessus se trouvait le chœur et ses annexes réservés au clergé. Le rez-de-chaussée du transept et de la partie occidentale formait la basilique ouverte au peuple. Un grand escalier dit escalier royal permettait de monter au niveau du chœur. Au-dessus de cet escalier émergeait le maître-autel.
Il y avait quatre étages sur les côtés du transept et de la nef occidentale : au rez-de-chaussée avec une allée basse en grès ; de hautes tribunes qui se déroulaient jusqu'au tour du chœur y arrivant au même niveau ; un triforium et un rang de fenêtres hautes. Tribunes et chœur étaient ainsi l'église réservée aux religieux.
L'ensemble était couronné de voûtes d'arêtes en plein cintre. La dorure et la peinture mettaient en valeur les écussons et cartouches disséminés sur les voûtes. Les arcs du rond-point avaient la forme de cintres surhaussés . Au dôme au-dessus de la croisée du transept le passage du plan carré à l'octogone était obtenu par des arcs tendus des reins d'un doubleau à ceux du doubleau voisin. Sur ces huit arcs reposait le tambour percé d'une baie à chaque face.
Pour finir voici une aquarelle qui fut peinte en 1781 et est une perspective intérieure de l'abbaye.
Avec également cette action menée par le musée municipal de Saint-Amand-les-Eaux qui consiste en une visite virtuelle de l'abbaye de Saint-Amand-les-Eaux :
Le CERAV, (Centre d'Études et de Recherches sur l'Architecture Vernaculaire), est une association nationale loi 1901 ayant pour objectifs d'étudier, de faire connaître et de sauvegarder les témoins d'architecture vernaculaire légués par les siècles passés - et en particulier les constructions en pierre sèche - aussi bien en France qu'à l'étranger, (Voir avec ce lien). Le site pierreseche.com en est le bulletin de liaison. Le professeur Christian Lassure est le créateur de ce site. Il est également citoyen d'honneur de la ville de Saint-Amand-les-Eaux.
Nota : L’architecture vernaculaire est un type d'architecture communément répandu dans un pays, un territoire ou une aire donnés à une époque donnée.
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